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Généalogie à la Désirade (Guadeloupe)

Adèle TOUSSIN alias Toussine ALMANDINE

Parmi les natifs de la Désirade inscrits sur les registres de nouveaux libres d'autres communes, il y a Adèle TOUSSIN. C'est le 3 novembre 1849 que son inscription a lieu à Saint-François. Elle est enregistrée seule. 

4501. Toussine âgée de trente ans, née à la Désirade et demeurant dans cette commune, employée chez monsieur Numa DECHOSAL, immatriculée sous le n° 7403, que nous nommons Adèle TOUSSIN. 

Elle meurt à Pointe-à-Pitre le 20 novembre 1884 à l'Hôtel-Dieu où elle était rentrée le 14 du même mois. Elle est appelée Adèle Toussine TOUSSAINT, âgée de 54 ans, servante, domiciliée en la commune de la Désirade où elle est née de parents inconnus, décédée ce jour, à une heure du matin. 

Comme c'est souvent le cas, l'acte de décès au sein d'une institution comme un hôpital-hospice présente au moins un renseignement erroné. Dans le cas présent, son âge serait sous-estimé d'une décennie. 

Le fait qu'elle résidait à la Désirade a retenu mon attention car jusqu'à présent quasiment aucun, sinon aucun, des nouveaux libres natifs de l'île enregistrés ailleurs, ne semble être retourné vivre sur l'île. 

[Depuis, j'ai trouvé l'exemple de Médina SAUMIER, née vers 1830 à la Désirade, inscrite comme nouvelle libre à Pointe-à-Pitre. Elle est revenue sur son île natale où, sous le nom de Médina AIMANTONE elle y a épousé François SPENO le 3 juin 1856.]

Ensuite, le nom de son employeur, Numa DECHOSAL, a été cité sur le blog il y a peu. Je l'évoquais dans la notice consacrée à Gaétan SAZAME et sa famille. Numa DECHOSAL (Blendecques 1799 - Saint-François 1851) a habité la Désirade. 

Enfin, son numéro matricule, le n° 7403, se situe juste entre ceux de Louise Ambroisine SAZAME et de son fils Pierre Denis SAZAME dont je situais l'inscription sur le registre matricule de Saint-François entre la fin du mois de février et le début du mois de mars 1846. 

Inscrite en même temps qu'eux, Adèle Toussine TOUSSIN aurait donc passé peu de temps loin de la Désirade jusqu'à l'abolition. On comprendrait mieux son retour sur l'île où elle avait vraisemblablement de la famille alors que les liaisons quotidiennes entre Saint-François et la Désirade lui auraient permis de continuer à recevoir des nouvelles de ses proches.

J'avais relevé que Numa DUCHOSAL apparaissait à deux occasions dans les registres des esclaves de la Désirade, La premières fois , il déclarait le 8 janvier 1841 la naissance d'Arthur, venu au monde le 31 décembre 1840, fils de Toussine, négresse, son esclave. 

L'autre fois concerne malheureusement la déclaration du décès d'Arthur, dont on apprend qu'il avait reçu le numéro matricule 1252 bis.  Il est qualifié de nègre. Arthur est mort le 7 juillet 1843 et le décès est déclaré le lendemain. 

Je l'avais identifié comme un fils de Toussine ALMANDINE, née vers 1820, nouvelle libre et fille de Marguerite ALMANDINE (vers 1781-1856), dont j'ignorais le sort. J'ai donc pensé que je m'étais trompé de Toussine en raison d'une homonymie. 

Toutefois, la mention de Numa DECHOSAL pour ces deux femmes m'a conduit à l'idée qu'il ne s'agissait en réalité que d'une seule et même personne et que, pour une raison indéterminée, un changement de nom patronymique était intervenu.  .

Afin de vérifier cette possibilité, j'ai donc consulté l'inscription de Toussine ALMANDINE sur le registre des nouveaux libres de la Désirade à la date du 23 janvier 1850.  Elle concerne d'abord sa mère, Marguerite ALMANDINE, laquelle à cette occasion effectue la reconnaissance de ses filles, Adélaïde, Thérèse, Cécilia et Toussine.

Toussine est dite née à la Désirade, âgée d'environ 30 ans, inscrite précédemment sur le registre matricule de la dite commune sous le n° 36 & sur celui de Saint-François sous le n° 7403 ayant demeuré chez le sieur Numa DECHOSAL, & nous leur avons donné à toutes le nom patronymique d'ALMANDINE. 

Cette précision sur sa double inscription permet de répondre à mon interrogation. Toussine renommée Adèle TOUSSIN (l'officier de l'état civil a fait au plus simple en transformant son prénom en patronyme) à Saint-François est Toussine ALMANDINE, ce qui explique que je ne trouvais rien sur elle à ce dernier nom.

Le nom de famille ALMANDINE est tiré du mot almandin qui désigne une variété de grenat d'un rouge foncé. Il s'agit donc encore une fois d'un nom issu du vocabulaire minéralogique.  

Une chose interpelle, Marguerite ALMANDINE est dite ayant demeuré chez le sieur CAILLEAU, Adélaïde ALMANDINE chez le sieur Jean Charles LEZEAU. Thérèse ALMANDINE chez le sieur François Narcisse RUILLIER. Cécilia chez le sieur L. RUILLIER. Toussine ALMANDINE chez le sieur Numa DECHOSAL.

C'est à dire qu'aucune d'entre elles n'avait le même maître. Leurs numéros matricules ne se suivent pas du tout. C'est le 1468 pour Marguerite et pour Adélaïde, Thérèse, Cécilia et Toussine, ce sont respectivement les numéros 188, 769, 813 et 36. 

Le numéro de Marguerite ALMANDINE n'est logiquement pas celui qui lui avait été attribué à la création du registre matricule. Il correspond à une réinscription en 1845. Sur le registre des esclaves, l'acte de décès d'une enfant, Marie Thérèse, âgée de 10 mois, date du 24 juillet 1846 et indique qu'elle porte le n° 1473. Fille de Médina, sa naissance avait été déclarée le 3 septembre 1845.

L'inscription de Marguerite est donc antérieure.  Cette première approche m'a ensuite permis de préciser le calendrier. En effet, d'après le registre des nouveaux libres, le n° 1469 correspond à George DIEGO dont le registre des esclaves permet de savoir qu'il est né le 17 août 1845, tandis que le n° 1467 a été attribué à Nicolas YEYENNE, né le 11 août 1845.

Marguerite aurait donc était réinscrite dans ce court intervalle, devenant l'esclave de Jean CAILLEAU (Champtocé-sur-Loire 1798 - 1880), époux d'Anne Rose Judith DEVARIEUX. Ses quatre filles ont vraisemblablement été enregistrées entre 1839 et 1840. Je ne sais pas quand le registre matricule de la Désirade a été débuté exactement. 

Honoré LAHAUT, inscrit comme nouveau libre le 9 juillet 1850 avec sa famille, a le numéro matricule 914 et il est né le 6 et déclaré le 15 mai 1840. L'inscription des quatre soeurs est donc antérieure. Elle correspond à la période où tous les esclaves de l'île (leur nombre est estimé à un peu moins de 1100 personnes) sont inscrits.

Comme elles portent encore des numéros inférieurs à ce nombre lors de leur inscription comme nouvelles citoyennes, on peut supposer qu'elles ont conservé les numéros initialement attribués et qu'elles avaient donc déjà des maîtres distincts en 1840. 

Je ne vois pas de liens proches entre ces propriétaires d'esclaves, à part pour François Narcisse RUILLIER (1794-1872), lequel est un frère de L(ouis Pierre Honoré) RUILLIER (1791-1869). L'un s'est marié deux fois et l'autre trois fois, ce qui complique la recherche d'une éventuelle parenté (qui s'établit aussi bien par alliance) avec les autres. 

Une arrière-grand-mère de Jean Charles LEZEAU (1803-1865) est bien la soeur d'une arrière-grand-mère des frères RUILLIER mais c'est trop lointain (début du XVIIIe siècle). Jean Charles LEZEAU n'était pas marié. Cependant, en 1857, il reconnait des enfants nés de sa relation avec Pauline ROSEMONDA, esclave jusqu'à l'abolition. 

Comme Jean CAILLEAU, Numa DECHOSAL (1799-1851) n'est pas un natif des Antilles. Lui et et son épouse créole sont arrivés à la Désirade entre 1831 et 1833. Faute d'éléments, je ne peux pas déterminer quand la famille ALMANDINE a été séparée. Je ne suis par encore parvenu à trouver le nom du maître précédent de Marguerite ALMANDINE. 

Marguerite ALMANDINE est décédée le 18 novembre 1856 en la maison de Jean René CAILLEAU sise au bourg de la Grand'Anse, âgée de 76 ans et sans profession. Elle a donc conservé des relations avec son dernier maître après l'abolition. Elle serait née vers 1780 à la Désirade. Elle aurait donc environ 16 ans lors du recensement révolutionnaire de 1796.

De ce point de vue, je trouve une candidate en la personne de Margueritte, cultivatrice noire, recensée chez Jean MIRRE père, habitant cotonnier, et âgée de 16 ans. Elle y est listée en 1797 avec une année de plus. Jean René MIRRE était époux de Marie Jeanne SIMON (1728-1813), il est né à Terre-de-Bas vers 1728. Je n'ai pas la date de son décès qui précède celui de sa femme. Une autre Margueritte, quoiqu'un peu plus jeune, pourrait correspondre pour un autre critère que son âge.

Il s'agit de Margueritte, âgée de 14 ans,  cultivatrice noire, recensée chez Jean Pierre MARTINEAU. En effet, celui-ci est le père de Charles François MARTINEAU, époux de Marie Anne Geneviève BERNARD. Cette dernière se remarie en 1813 avec Louis Pierre Honoré RUILLIER, alors que sa fille Marie Evelina MARTINEAU contracte union en 1823 avec François Narcisse RUILLIER. 

Par ailleurs, Marie Rose MARTINEAU, mère de Jean Charles LEZEAU, est une soeur de Charles François MARTINEAU. On aurait ainsi de potentiels changements de maîtres par la voie d'héritage et: de mariage. Ce ne sont que des spéculations en l'état des recherches. La limite reste toujours la même, l'impossibilité de consulter le notariat en ligne. Si seulement au moins les tables pouvaient être numérisées ! 

En attendant, je suis déjà content d'avoir pu relier Adèle Toussine TOUSSIN/TOUSSAINT à sa famille. Je n'ai pas trouvé la naissance d'un autre enfant que son fils Arthur. Elle avait des neveux et des nièces, notamment par Cécilia ALMANDINE (La Désirade vers 1810 - La Désirade 1897) épouse d'Hilaire dit Séjour PIOCHE (vers 1807-1883), mère de plusieurs enfants.

Thérèse ALMANDINE (La Désirade vers 1801 - La Désirade 1852), épouse de Pierre Louis LAURENCIN du Moule (Le Moule vers 1827- Le Moule 1863) est décédée en la maison de Jean CAILLEAU, sise au bourg de la Grand'Anse. Jean CAILLEAU, 52 ans, propriétaire, est présent à la déclaration de son décès. Elle avait eu un fils naturel, Guérin dit Thurin ALMANDINE (La Désirade vers 1831  - Le Moule 1869).

Je ne sais pas quand quand et où est décédée Adélaïde ALMANDINE, née à la Désirade vers 1801. Elle est déjà décédée en 1897 à la mort de sa fille Sylvanie ALMANDINE (elle est dite fille majeure et naturelle de la feue demoiselle Adélaïde ALMANDINE, quand vivait domiciliée en cette commune). Sauf erreur de ma part, elle n'est pas décédée à la Désirade.

Enfin, il y a une porteuse du patronyme pour laquelle je ne dispose que de présomptions pour la relier à la famille de la Désirade. Il s'agit de Fifine ALMANDINE, née vers 1834, cultivatrice domiciliée au Moule. Cette commune de résidence, le fait que Pierre Louis LAURENCIN est témoin à la déclaration de son fils naturel Jean CAZORTE, me font penser que c'est une fille de Thérèse ALMANDINE (d'autant plus que le père de l'enfant, Jean Thomas CAZORTE est un frère (ou demi-frère) de Marie Thérèse Jeanne CAZORTE, l'épouse de Guérin dit Thurin ALMANDINE). 

 

COPYRIGHT DAVID QUENEHERVE

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