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Généalogie à la Désirade (Guadeloupe)

La demoiselle Charlotte

La demoiselle Charlotte est décédée à Saint-François le 1er février 1842 à huit heures du matin. Elle est dite âgée d'environ 60 ans, demeurant à la Désirade, mais momentanément dans cette commune, * de naissance inconnue, dans une case à nègre de l'habitation de Messieurs Latouche & Chassaing dite Fondcaraïbe. 

[* Il doit manquer un mot, peut-être commune ou lieu. Le registre de 1842 semble absent de la collection du greffe en ligne sur le site des Archives départementales de la Guadeloupe, je n'ai donc pas pu effectuer une comparaison.]

La déclaration du décès est effectuée le jour même par Pierre BOMMARTIN, géreur d'habitation, 44 ans, et Joseph Piquion MARRÉ, sans profession, âgé de 32 ans. Joseph Piquion dit MARÉE est décédé à Saint-François le 1er août 1846, âgé de 36 ans, ancien planton de la mairie, né dans cette commune, fils naturel de la feue demoiselle Marie Jeanne LÉANDRE. ll n'y a rien de surprenant qu'il ait été témoin.

Né à Petit-Canal, Pierre BOMMARTIN est décédé âgé de 66 ans dans la maison principale du hameau Fonds Caraïbe le 7 septembre 1861. Ce n'est pas spécifié mais il était veuf de Jeanne Rose Sophie dite Pétronille LATOUCHE BARDAU, née le 21 juillet 1813 et décédée le 1er avril 1837 (les deux à Saint-François). Je n'ai pas repéré leur acte de mariage en Guadeloupe. 

Leur fils Pierre Guillaume Gustave Léopold BOMMARTIN est mort le 28 janvier 1839, à l'âge de 6 ans et 5 mois, au bourg de Saint-François. Le père est habitant. L'enfant est dit natif de Pont-de-Bordes, canton de Lavardac en Lot-et-Garonne. L'union de ses parents aurait pu s'y dérouler.

[En complément, la naissance de Pierre Gustave Léopaul BOMMARTIN a été déclarée à Lavardac le 12 août 1832. il est né le même jour au lieu du Pont de Bordes et le déclarant est Pierre Guillaume Valentin BARDEAU LATOUCHE, propriétaire au lieu du Pont de Bords, dont on déduit qu'il est le grand-père maternel puisque la mère de l'enfant est dite sa fille. Pierre Jean François BOMMARTIN est quant à lui qualifié de propriétaire colon et doit être absent.

Son mariage a été célébré à Lavardac le 12 septembre 1831. Il est dit propriétaire colon de la Grande-Terre, île Guadeloupe, demeurant à Bordeaux, né au Morne, île Guadeloupe, paroisse Saint-André, le 15 mars 1799, ainsi qu'il est constaté par un acte de notoriété du 8 août 1831 devant le juge de paix du deuxième arrondissement de la ville de Bordeaux. Petit-Canal n'est donc pas son lieu de naissance comme indiqué au décès. Il est fils de Pierre BOMMARTIN, négociant, et d'Anne Elisabeth GODEFROY, décédés depuis de longues années en Guadeloupe. La mariée est nommée Marie Pétronille Laure BARDAU LATOUCHE.]

Pierre BOMMARTIN a pour beau-père Pierre Guillaume LATOUCHE (DE) BARDAU, natif de Port-de-Bordes, qui se remarie le 12 juillet 1841 à Saint-François avec Marie ROUMÉGOUX. Sa première union avec Marie Anne RIVIERE (vers 1771- 1839), déjà deux fois veuve, avait été célébrée le 2 avril 1807 sur la même commune. Né vers 1781, il est fils de Guillaume LATOUCHE (DE) BARDAU et de Marie Pétronille CHASSAING (unis le 2 mai 1778 à Bordeaux, paroisse Saint-Rémy). 

Le 12 janvier 1844 est déclaré le décès d'Elmire Uranie Ernestine Alexine CHASSAING, âgée de 7 ans, fille de Jean Baptiste Adolphe CHASSAING, habitant propriétaire et adjoint au maire de la commune, et d'Ernestine Eugénie Edmée LÉGER, 41 ans, décédée dans la maison principale de l'habitation dite Fondcaraïbe, propriété de ses père et mère où elle habitait avec eux. 

Jean Baptiste Adolphe CHASSAING effectue régulièrement des déclarations dans les registres des esclaves, par exemple le 1er août 1842 celle de la naissance de Paul, fils d'Adélaïde, 19 ans, esclave de l'habitation de Messieurs LATOUCHE CHASSAING et S(ocié)té dite Fond-Caraïbe. 

Le 27 octobre de la même année, il déclare le décès d'André, 41 ans, esclave de l'habitation Fond-Caraïbe appartenant par indivis au déclarant et aux successions LATOUCHE et AVY. Le patronyme AVY est facile à relier, c'est celui d'Antoine Silvain AVY, le deuxième époux de Marie Anne RIVIERE, épouse en troisièmes noces de Pierre Guillaume LATOUCHE.

Il y a donc une société entre les successions AVY, LATOUCHE (Pierre Guillaume LATOUCHE DE BARDAU est décédé à Pointe-à-Pitre le 21 mai 1842, à l'âge de 62 ans) et et Jean Baptiste Adolphe CHASSAING. Ce dernier est aussi décédé à Pointe-à-Pitre. Il y meurt le 30 mars 1846, âgé d'environ 49 ans. Il s'était marié le dans cette ville le 21 septembre 1822.

Né à Bordeaux en 1797, il est fils de Jean Baptiste CHASSAING, négociant, et d'Emélie CHATARD. D'après cet arbre, ses parents se sont mariés aux Etats-Unis et ses grands-parents paternels sont Jean CHASSAING, négociant (décédé à Bordeaux en 1786), et Catherine COT (décédée à Bordeaux en 1797). Ceux-ci ne sont autres que les grands-parents maternels de Pierre Guillaume LATOUCHE BARDAU, autrement dit la société LATOUCHE et CHASSAING aurait été établie entre des cousins germains et la succession AVY. 

Jean Baptiste Adolphe CHASSAING apparaît le 13 août 1837 comme l'un des déclarants et le voisin au décès de Pierre Philippe BONMARTIN, âgé de 5 mois et 13 jours, fils de Pierre BONMARTIN et de Jeanne Rose Sophie dite Pétronille LATOUCHE, décédé dans la maison paternelle à la Pointe aux Châteaux, ce qui cadre avec l'emplacement actuel du lieu-dit Fond-Caraïbe. Pierre BOMMARTIN est donc à la fois un voisin, un parent, un plus que probable associé et quelque temps le géreur (le 3 août 1842, il est dit géreur quand il déclare la naissance de Cécile, née sur l'habitation Fond-Caraïbe, fille de Rosélia, 22 ans, son esclave).

Est-ce que la demoiselle Charlotte est née libre ou l'est-elle devenue ? Elle aurait vu le jour vers 1782, dans un lieu inconnu. A la Désirade, il n'y a pas d'acte de baptême correspondant, à la fois dans les années qui précèdent et suivent. Même constat à Saint-François. Entre 1833 et 1848, une seule Charlotte a été affranchie à la Désirade par un arrêté du gouverneur du 18 février 1834. Elle a alors 51 ans et est lessivière.

Toutefois, il semble que cette Charlotte contracte union avec Charles HIMBÉ, aussi un affranchi, le 28 juillet 1847. Fille de Marianne, décédée cultivatrice, elle a alors 64 ans et est à la fois blanchisseuse et cultivatrice. Elle est native de l'île et s'y éteint le 2 juillet 1857, propriétaire et âgée de 74 ans. Il est donc vraisemblable que la liberté de Charlotte (vers 1782-1842), si elle a été obtenue à la Désirade, était plus ancienne.

Dans le recensement de 1797 de la Désirade, il y a deux Charlotte, cultivatrices noires âgées de 16 ans (les autres Charlotte appartiennent à des tranches d'âge différentes). L'une sur l'habitation de Jean Pierre MARTINEAU et l'autre chez Baptiste MIRRE (même chose en 1796 avec toutes les deux un an de moins), sans que je puisse exploiter cette information, d'autant plus que rien n'indique qu'elle habitait déjà l'île à cette époque.

Je comprends que Charlotte est décédée de passage sur l"habitation Fond-Caraïbe. Impossible d'en savoir plus sur les circonstances qui l'y ont menée. J'ai recherché à tout hasard dans le registre des esclaves s'il y avait eu une naissance ou un décès aux environ du 1er février 1842 sur cette habitation. Même démarche dans l'état civil. Le résultat est négatif mais eût-il été positif, il aurait de toute manière été bien difficile de relier les évènements.

 

COPYRIGHT DAVID QUENEHERVE

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