Généalogie à la Désirade (Guadeloupe)
Le 15 janvier 1849 à Pointe-à-Pitre a lieu l'inscription sur le registre des nouveaux libres sous le numéro 2640 d'Azelia, née à la Désirade, âgée de quinze ans, domestique, inscrite précédemment sous le n° 5513, demeurant en cette ville, "à laquelle Azelia nous avons donné le nom patronimique de Pristal".
Le 21 juin 1850, toujours à Pointe-à-Pitre, inscription de deux autres porteurs de ce patronyme sous les numéros 3024 et 3025. Ce sont Pierre Louis et Noëline, aussi natifs de la Désirade, respectivement âgés de 12 et 10 ans, précédemment inscrits sous les numéros matricules 6074 et 6075.
Azélia PRISTAL est décédée à la Désirade le 18 juillet 1852, dans la maison de Jean Pierre DANOIS, sise au Souffleur. Elle est âgée de 18 ans, faiseuse de cigares, née en cette commune et domiciliée à la Pointe-à-Pitre. L'acte ne donne pas sa filiation.
Pierre Louis PRISTAL se marie à Pointe-à-Pitre le 3 novembre 1864 avec Hélène VITRO, 34 ans, colporteuse, native de la ville et fille de Jeannette VITRO, revendeuse. Ce sont des nouvelles libres de Gosier. Jeannette VITRO, décédée à Pointe-à-Pitre le 22 avril 1873, était née vers 1810 en Afrique.
A son mariage, Pierre Louis PRISTAL est âgé de 26 ans, marin et domicilié à Port-Louis. Il est dit né à la Désirade, fils de parents inconnus. Il est en vie et toujours marin au décès d'Hélène VITRO le 25 octobre 1888 à Pointe-à-Pitre (elle est dite native de la Désirade, probablement par confusion avec lui).
Le couple ne semble pas avoir eu d'enfants. Cependant je trouve à Port-Louis les naissances de deux enfants naturels reconnus de Pierre Louis PRISTAL. Le premier est François Eugène PRISTAL, né le 30 septembre 1857, fils de Jeannette BRIOLIN, 22 ans, servante. Il est décédé le 13 février 1858.
Jeannette BRIOLIN est une nouvelle libre de Port-Louis. Elle est décédée le 21 avril 1904 à Pointe-à-Pitre. D'une précédente relation avec Edmond MONDE (Afrique vers 1816 - Port-Louis 1865), marin, elle avait eu une fille Maria MONDE (Port-Louis 1854 - Port-Louis 1856).
L'autre enfant est François PRISTAL, né le 12 mars 1860, fils de Surprise PALUDE, 22 ans, aussi servante. Surprise PALUDE est une nouvelle libre de Pointe-à-Pitre mais elle est native de Port-Louis. Surprise dite Choute PALUDE est morte à Pointe-à-Pitre le 29 février 1904, marchande, âgée de 65 ans. Elle était fille de Virginie PALUDE.
A la naissance de chacun de ses fils, Pierre Louis PRISTAL est domicilié au bourg de Port-Louis et était marin. Il ne savait pas signer. Je n'ai pas trouvé le sort de François PRISTAL, pas plus que l'acte de naissance de Donatien PALUDE vers 1860 (les noms sont trop différents pour établir un rapprochement sur cette simple constatation).
Noéline PRISTAL, servante, est décédée, âgée de 38 ans, le 5 décembre 1878 à Pointe-à-Pitre, maison de son frère, au faubourg d'Ennery, où elle demeurait. La défunte est dite née à la Désirade de parents inconnus. Ce frère qui est l'un des déclarants n'est autre que Pierre Louis PRISTAL, âgé de 40 ans et marin. Il signe. L'écriture est appliquée mais il écrit "Pierre Lous Prutal", ce qui me ferait dire qu'il ne sait probablement pas (encore) lire.
Cet acte nous apprend ce dont on se doutait, à savoir que Pierre Louis PRISTAL, né vers 1838, et Noëline PRISTAL, née vers 1840, étaient frère et soeur. C'était très vraisemblablement le cas d'Azélia PRISTAL, née vers 1834, laquelle serait alors l'aînée de la fratrie, tous les trois enfants d'une mère inconnue.
L'année de naissance Noëline serait plutôt 1839 car il n'y a pas de naissance à ce prénom dans le registre des esclaves de la Désirade de 1840 ni dans celui de 1841. En, 1842, je relève la naissance d'une Noëlline, fille de Louise mais le numéro matricule de sa mère permet de déterminer qu'il s'agit d'une fille de Louise ADANSIE et cette dernière est en vie en 1850.
Les numéros matricules de Pierre Louis et Noëline se suivent. Ils ont donc été réinscrits en même temps. Marie Louisa ANTIBES, nouvelle libre native de Pointe-à-Pitre et âgée de 2 ans le 1er septembre 1848, a le numéro 5802 (sa mère, Lise ANTIBES, native de la ville, a le numéro 3042). L'enregistrement du frère et de la soeur se situe donc au plus tôt vers 1846.
Antoine ZULRA, numéro matricule 6581, est âgé de 3 ans à son enregistrement le 11 janvier 1850 comme nouveau libre de Pointe-à-Pitre où il est né. Sa mère, Augustine ZULRA, native de Basse-Terre, a le numéro matricule 4576 (probablement réinscrite à Pointe-à-Pitre quelques années avant la naissance de son fils). Ce serait alors entre 1846 et 1847 que les jeunes Pierre Louis et Noëline ont été réinscrits sur le registre matricule de Pointe-à-Pitre, probablement suite à une vente.
Lors d'une consultation du recensement partiellement conservé de Pointe-à-Pitre de 1847, j'ai eu la chance de retrouver la trace des deux jeunes enfants. Ils sont esclaves de Simon Jude, ébéniste, demeurant rue du Faubourg des Abymes n° 10.
Simon Jude a 37 ans et est ébéniste (avec une patente de 13e classe). Il est natif de Sainte-Rose et est marié. Le nom de son épouse, âgée de 31 ans et native de la Martinique, n'est pas donné. Le couple accueille deux orphelins natifs de Pointe-à-Pitre, Pierre Paul, 14 ans, et Paulin Jules, 12 ans. Pierre Louis et Noëlline, 10 et 8 ans, sont leurs seuls esclaves. Ils sont dits noirs.
Une mention apporte une information cruciale mais malheureusement incomplète en raison de la découpe d'une partie de la feuille. "Acquis de M"r Jouanne... " La date est le 15 mars 184... enregistré le susdit jour. Le dernier chiffre pourrait être un 6 ou un 8.
Je pense que le nom de leur précédent maître pourrait quant à lui être JOUANNET. Je pencherai pour Laurent JOUANNET, propriétaire et entrepreneur de maisons dont l'épouse Marie Jeanne LERUBY est décédée à Pointe-à-Pitre, dans sa demeure sise rue des Abymes, le 15 août 1831, à l'âge de 44 ans. Jean Laurent JOUANNET s'éteint à Pointe-à-Pitre le 23 août 1862, à l'âge de 82 ans, propriétaire, veuf de Marie Jeanne LERUBY. Il était natif du Moule et fils de la demoiselle Marie Claire.
Jean Laurent JOUANNET a épousé Marie Jeanne le 12 juin 1810 à Pointe-à-Pitre. Il est dit mulâtre libre patenté (sa mère est qualifiée de négresse) et maître menuisier, né le 2 janvier 1785 au Moule, tandis que Marie Jeanne est dite métisse libre patentée et née à la Baie-Mahault le 29 décembre 1786. Elle y a été baptisée le 24 mars 1787 avec pour parrain Jacques LERUBY, son grand-père, ancien capitaine d'une compagnie de volontaires.
Le mariage de Simon Jude a été célébré à Pointe-à-Pitre le 8 mai 1837. Il a 27 ans et est déjà ébéniste. Il est dit né au quartier de Sainte-Rose, fils d'Eugénie Narcisse, décédée à Pointe-à-Pitre le 14 juin 1819. Il épouse Thomasine, âgée de 20 ans, née à Pointe-à-Pitre, fille de Marie Catherine Eloi, propriétaire.
A la différence du marié, elle sait signer. Sa signature est Thomassine. Elle n'est pas née à la Martinique comme l'indique le recensement. En fait, c'est sa mère, Marie Catherine Eloi, décédée le 27 juin 1842 (acte reconstitué le 5 mars 1844), qui est originaire de cette île.