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Généalogie à la Désirade (Guadeloupe)

Des numéros matricules

Dans la Gazette officielle de la Guadeloupe du 20 mars 1845 sont publiées des demandes d'affranchissement pour plusieurs communes dont la Désirade.

DEMANDES D'AFFRANCHISSEMENTS.

                              Commune de la Désirade.

I - 606 - Eugène, de 12 ans, cultivateur, né et demeurant à la Désirade, immatriculé sous le n. 843; nom usuel  (Eugène) pour prénom, nom patronimique Marcini: par le sieur André Henry Félix Thionville, habitant propriétaire, adjoint du maire de la commune de la Désirade, y domicilié.

I - 607 - Marguerite, de 66 ans, cultivatrice, née et demeurant à la Désirade, immatriculée sous le n. 418; nom usuel (Marguerite) pour prénom, nom patronimique Jeanneton; par le sieur Philippe Pain, habitant-propriétaire, maire de la commune de la Désirader

          Au Parquet de la Pointe-à-Pitre, le 17 mars 1845
                                              Le procureur du Roi,
                                              L. CONQUÉRANT, subt.  

Ces deux demandes sont intéressantes à double titre. D'abord, elles communiquent une information qui était inconnue jusqu'à présent pour aussi bien l'un que l'autre, à savoir leur numéro d'inscription sur le registre matricule de la Désirade, que je tente de reconstituer. Ensuite parce qu'elles renseignent sur la durée approximative d'une procédure d'affranchissement. 

L'affranchissement d'Eugène MARCIMI (on est passé de MARCINI à MARCIMI) est évoqué lors de la séance du Conseil privé de la colonie du 4 juillet 1846. L'extrait de l'arrêté du gouverneur est présenté et enregistré à l'état civil le 18 juillet 1846 au nom d'Eugène MARCIMI. 

Eugène MARCIMI : demande le 17 mars 1845 - arrêté du gouverneur du 4 juillet 1846 - inscription à l'état civil de la Désirade le 18 juillet 1846. Au total entre les dates extrêmes : 1 an, 4 mois et 1 jour.

La liberté de Marguerite JEANNETON avait quant à elle été mentionnée lors la séance du 4 avril 1846. Elle présente l'arrêté du gouverneur pour son inscription à l'état civil le 16 avril 1846

Marguerite JEANNETON : demande le 17 mars 1845 - arrêté du gouverneur du 4 avril 1846 - inscription à l'état civil de la Désirade le 16 avril 1846. Au total entre les dates extrêmes : 1 an et 18 jours.

Je découvre un autre exemple concernant la Désirade dans le numéro du 10 mai 1845:

I - 650 - Angèle, rouge, de 22 ans, servante, née et domiciliée à la Désirade, immatriculée sous le n. 832; prénom Angèle nom patronimique Titite: par le sieur Félix Thionville, propriétaire en ladite commune.

           Au Parquet de la Pointe-à-Pitre, le 2 mai 1845.
                                              Le procureur du Roi,
                                              PARTARRIEU, subt. p. i.
 
Même avis dans les numéros des 15 et 20 mai 1845.

L'affranchissement d'Angèle TITITE est mentionné lors la séance du Conseil privé de la Guadeloupe du 5 juin 1846. L'arrêté du gouverneur est enregistré à l'état civil le 13 juin 1846.

Angèle TITITE: demande 2 mai 1845 - arrêté du gouverneur du 5 juin 1846 - inscription à l'état civil de la Désirade 13 juin 1846. Au total entre les dates extrêmes : 1 an, 1 mois et 11 jours.

Un exemple supplémentaire dans le numéro du 10 octobre 1845 :
 
I - 814 - Prévert, noir, 28 ans, maçon, né et domicilié à la Désirade, n. 871, prénom Joseph nom patronimique Lucressin; par demoiselle Trouvé, domiciliée en ladite commune. 
 
           Au Parquet de la Pointe-à-Pitre, le 4 octobre 1845.
                                              Le procureur du Roi,
                                              PARTARRIEU, subt. p. i.

Nouvelle parution les 15 octobre et 20 octobre 1845.

La liberté de Prévert LUCRESSIN est validée lors de la séance du Conseil privé de la Guadeloupe du 4 juillet 1846 L'arrêté du gouverneur est transcrit à l'état civil le 18 juillet 1846.

Prévert LUCRESSIN: demande 4 octobre 1845 - arrêté du gouverneur du 4 juillet 1846 - inscription à l'état civil de la Désirade le 18 juillet 1846. Au total entre les dates extrêmes : 9 mois et 14 jours.

Deux autres exemples dans le numéro du 10 décembre 1845 :

2 - 872 - Joséphine, noire, 24 ans, cultivatrice, n. 532, et ses trois enfants de caste rouge: 1° Mimine, 5 ans, n. 1222; 2° Désirée, 3 ans, n. 1286, et 3° Léon, 2 ans, n. 1403, tous nés et domiciliés à la Désirade; prénom, pour la mère, mêmes prénoms pour les enfants, exceptée Mimine qui s'appellera Magdelaine, nom patronimique Fifine; par dame veuve Poullin, domiciliée à la Désirade. 

2 - 873 - Lucresse, rouge, 83 ans, cultivatrice, née en Guinée, demeurant en ladite commune, n. 314; prénom Sophie, nom patronimique Bambara; par sieur Bélisaire Mirre, domicilié en ladite commune.

          Au Parquet de la Pointe-à-Pitre, le 1er décembre 1845.
                                              Le procureur du Roi,
                                              PARTARRIEU, subt. p. i.
 

Autre parution 15 décembre 1845. Le numéro du 5 décembre 1845 manque sur Gallica. La première insertion avait certainement été faite à cette date (le 2 au lieu du I indique que celle du 10 décembre est la deuxième). Il semble qu'il y en avait trois, notamment pour permettre aux éventuelles contestations de s'exprimer. Le délai d'opposition varie selon la nature de l'affranchissement. Pour un affranchissement ordinaire, il est de six mois. 

L'affranchissement de Joséphine FIFINE et ses enfants est mentionné lors de la séance du Conseil privé de la colonie du 14 août 1846. L'arrêté du gouverneur est transcrit à l'état civil le 28 août 1846.

Joséphine FIFINE : demande 1er décembre 1845 - arrêté du gouverneur du 14 août 1846 - inscription à l'état civil de la Désirade le 28 août 1846. Au total entre les dates extrêmes : 8 mois et 27 jours.

La liberté de Lucresse BAMBARA est évoquée lors de la séance du Conseil privé de la colonie du 14 août 1846. L'arrêté du gouverneur est enregistré à l'état civil le 29 août 1846.

Lucresse BAMBARA : demande 1er décembre 1845 - arrêté du gouverneur du 14 août 1846 - inscription à l'état civil de la Désirade le 29 août 1846. Au total entre les dates extrêmes : 8 mois et 28 jours.

Joséphine FIFINE (vers 1823-1865) est donc une femme noire dont les enfants sont métissés. Mimine FIFINE, née en 1840 (elle a une double inscription sur le registre des esclaves) et Désirée FIFINE, née en 1843, sont légitimées lors du mariage de leurs parents à la Désirade en 1849. Leur père, Alexandre SAINT-AURET (1812-1905), est effectivement un Blanc-pays. Né en 1844, Léon FIFINE, est décédé avant cette union, en 1846, sans avoir été reconnu.

La mention de couleur de Lucresse BAMBARA (si elle ne résulte pas d'une erreur) associée à son lieu de naissance nous laisse esquisser une histoire singulière qu'il est impossible de retracer. Rouge, donc métissée, mais native d'Afrique. Le mot employé est inhabituel puisqu'elle est dite née en Guinée, une zone géographique dont je peine à trouver les limites à l'époque. Le patronyme donné, BAMBARA, est celui d'une ethnie d'Afrique de l'Ouest. On se demande immédiatement si Lucresse est issue de ce peuple ou si l'attribution en a été aléatoire.

Cette consultation de la Gazette officielle de la Guadeloupe pour l'année 1845 sur Gallica, même s'il manque une partie des bulletins, a au final permis de recueillir neuf numéros matricules dont l'attribution m'était jusqu'à présent inconnue. Vous pourrez penser que c'est peu mais chaque pierre a son importance. Aussi triste que ce soit, ces numéros matricules permettent une identification formelle des personnes quand ils figurent dans un acte notarié ou autre. 

 
 
COPYRIGHT DAVID QUENEHERVE
 
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