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Généalogie à la Désirade (Guadeloupe)

Gustave HENRION (vers 1816-1870)

Gustave HENRION a été affranchi par un arrêté du gouverneur du 5 avril 1841. L'acte est enregistré à l'état civil de Saint-François le 15 du même mois. L'arrêté est présenté par Louis GEANTY, 45 ans, négociant et les témoins sont Joseph SAGOT, 41 ans, négociant, et Auguste DE LUPE, 32 ans, commis de négociant. 

Il déclare libre Gustave HENRION, âge de 25 ans, charpentier, né à la Désirade et demeurant à la Pointe-à-Pitre. A mon avis, il n'est pas présent. Les actes précédents mentionnent que la personne affranchie est comparue, ce qui n'est pas le cas dans cet acte, ni dans le suivant d'ailleurs. 

La séance du Conseil privé de la Guadeloupe du 5 avril 1841 nous apprend que sa liberté a été demandée par le sieur GEANTY par procuration du sieur Hilaire CATHERINE. On comprend mieux la présence de Louis GEANTY qui doit se confondre avec Pierre Louis GEANTY, né le 7 mars 1796 à Baltimore. 

Il se marie à Pointe-à-Pitre le 29 juin 1826 avec Magdeleine Françoise BECHT, née le 1er mars 1789 au Cap François (Saint-Domingue). Il est alors négociant à Pointe-à-Pitre. Il meurt, veuf, à Pointe-à-Pitre le 26 octobre 1851 au domicile de son frère, François GEANTY, maison de la succession GAILLARD, quai de la Marine, mais est domicilié à Saint-François (dont il a été membre du conseil municipal).

Son épouse est décédée à Saint-François le 9 juin 1848 dans la maison du citoyen CAZEAU qu'elle occupait, située dans la Grande Rue du bourg. Louis GEANTY est dit négociant à Saint-François. Un des témoins est Parfait Louis Eugène BATBY BERQUIN, 46 ans, habitant propriétaire (et ancien entrepreneur de la léproserie). Je retiens pour plus tard le nom du citoyen  CAZEAU car il me semble qu'il a été témoin d'au moins un acte à la Désirade.  

Hilaire CATHERINE a déjà été évoqué dans cette notice consacrée à sa fille Zulminie HILAIRE. En résumé, il a été marin et propriétaire à Saint-François puis capitaine au cabotage à Pointe-à-Pitre. Né vers 1779 à la Désirade, il meurt à Pointe-à-Pitre le 9 janvier 1859. Il était veuf de Bibianne depuis 1841 (leur union date de 1831) et époux de Sophie LORMONT depuis 1850. D'une relation avec une esclave dont l'identité n'est pas donnée, il avait eu trois enfants naturels reconnus, affranchis à sa demande.

Puisqu'il y demeurait en 1841, j'ai recherché la trace de Gustave HENRION à Pointe-à-Pitre. Il s'y marie le 18 janvier 1848 avec la demoiselle Marguerite, 22 ans, couturière, native de Saint-François et fille naturelle de la demoiselle Francillette, lessivière à Saint-François. On n'y apprend rien sur Gustave HENRION, 31 ans, charpentier, né à la Désirade. Les époux sont tous les deux domiciliés à Pointe-à-Pitre, où est né le 29 octobre 1843 leur fils Octave qu'ils légitiment.

Sa naissance avait été déclarée le 30 octobre 1843 par son père, Gustave HENRION, 27 ans, charpentier, domicilié dans la la ville, qui le reconnaît. Il est né la veille dans la maison d'Alcide VERRIER, sise rue du Faubourg de Nozières n° 6, de la demoiselle Marguerite, 18 ans. Alcide VERRIER, 24 ans, ébéniste, est témoin.

[Oscar HENRION est mort le 28 juillet 1861, âgé de 18 ans et célibataire. Il était commis. Il est décédé maison de son père, rue Nozières n° 83, où il demeurait.]

Chose très touchante, Gustave HENRION tente de signer. On sent qu'il ne maîtrise pas l'écriture et ne connait pas bien son alphabet. Il ne termine d'ailleurs pas son nom de famille A son mariage en 1848, l'écriture reste très malhabile et le patronyme n'est pas reconnaissable.

A son remariage, le 19 mars 1850, toujours à Pointe-à-Pitre, l'écriture demeure très hésitante mais on sent une amélioration et on voit le patronyme se dessiner plus clairement. Il épouse  en secondes noces la demoiselle Marie Rosalie, âgée de 16 ans, couturière, fille naturelle de la demoiselle Rosa, repasseuse. Marie Rosalie est née le 7 novembre 1833 à Sainte-Anne et sa mère est blanchisseuse et a 19 ans. Elle sait signer.

Sa première épouse, la dame Marguerite, est décédée à 11 heures du soir le 23 mars 1849 à Pointe-à-Pitre. Elle est dite âgée de 23 ans, sans profession, épouse du sieur HENRION Gustave, âgé de 34 ans, charpentier. Dans la marge, l'acte est au nom "Gustave née Marguerite". Son décès suit l'accouchement d'un enfant sans vie de sexe féminin la veille à 10 heures du matin dans la maison de la dame ZENON sise Faubourg de Nozières.  

Le 28 avril 1851, acte naissance de Léon Stanislas Victor HENRION, né le 23 du même mois dans la maison de son père, rue Nozières. Cette fois, Gustave HENRION déclare ne pas savoir signer. 

Le 31 janvier 1853, acte de naissance d'Adrien HENRION, né le 25 du même mois, maison de son père, rue Nozières. Son épouse, Marie Rosalie, est dite âgée de 33 ans, ce que nous savons faux. Il est précisé que Gustave HENRION est veuf en premières noces de la dame Marguerite. Pour quelle raison cette précision ? Gustave HENRION signe l'acte. 

Le 9 février 1855, acte de naissance de Marie Rose Victorine HENRION, née le 3 février du même mois, maison de son père, rue Nozières n° 83. Même mention de sa précédente épouse. Gustave HENRION signe l'acte. Sa signature, d'une écriture très lâche, au bas de ces deux actes de naissance est bien moins lisible qu'en 1850. 

|Elle est décédée le 19 mai 1858 à la même adresse.]

Le 21 avril 1859, acte de naissance de Marie Zénaïde HENRION, née le 11 du même mois, maison de son père, rue Nozières n° 83. Même mention de la précédente épouse. Marie Rosalie est appelée Marie Louise. Dans cet acte, Gustave HENRION est qualifié d'ancien charpentier. Il ne signe pas. 

[Elle est décédée le 23 juin 1859 à la même adresse.]

Le 7 mai 1861, acte de naissance d'Anastase Rosa HENRION, née le 23 avril dernier, maison de son père, rue Nozières n° 83. La mère est une seconde fois appelée Marie Louise. Gustave HENRION est encore dit ancien charpentier. Pas de signature du père. 

Le  8 septembre 1863, acte de naissance d'Aristide Nestor HENRION, né le 31 août courant, maison de son père, rue Nozières n° 83. La mère est appelée une nouvelle fois Marie Louise. Gustave HENRION est ancien charpentier et ne signe pas.

Marie Rosalie, âgée de 32 ans, sans profession, domiciliée en cette ville, née en la commune de Sainte-Anne, fille de la demoiselle Rosa, décédée, et épouse du sieur Gustave HENRION, âgé de 49 ans, sans profession, domicilié aussi en cette ville, est décédée le 5  décembre 1865, maison de son mari, rue de Nozières n° 83. C'est pendant l'épidémie de choléra. 

Gustave HENRION est décédé à Pointe-à-Pitre le 29 août 1870 à l'hospice Saint-Jules, où il était rentré le 10 février courant. Il est dit veuf de la dame Marie Rose Lise, âgé de 54 ans, sans profession, domicilié en cette ville, né à la Désirade de parents inconnus. 

Son fils Adrien HENRION est décédé dans le même hospice le 22 juillet 1878. Il y était entré le 17 du courant. Il avait 24 ans et était célibataire et sans profession. 

Son autre fils, Léon Stanislas Victor HENRION, est aussi décédé dans cet hospice, célibataire et sans profession. Il y avait été admis le 28 février 1879 et il est décédé le 21 mai de la même année.

Ignorant la nature des problèmes de santé  rencontrés, je remarque cependant que les convalescences sont longues dans les trois cas. 

Le 4 février 1886 aux Abymes est déclarée la naissance de Maurice Marie Joseph Charlemagne HENRION, fils de la demoiselle Rosa Anastasie HENRION, âgée de 22 ans, née et domiciliée à la Pointe-à-Pitre, en résidence actuelle hameau Mamiel section de Céligny en la dite commune des Abymes, où elle est accouchée le 1er février courant. 

La demoiselle Anastase Rosa HENRION meurt à Pointe-à-Pitre le 10 janvier 1893 dans sa maison rue de Nozières. Elle était sans profession. La filiation de l'acte de naissance, c'est à dire Gustave HILARION et Marie Louise, est reprise. 

Le 2 décembre 1888, toujours à Pointe-à-Pitre, acte de décès de Barthélemy Adrien HENRION, né le 25 août dernier, fils d'Aristide Nestor HENRION, 25 ans, chauffeur, et d'une mère inconnue. Sa naissance est déclarée le 3 septembre sous ses seuls prénoms et sa mère est bien inconnue.

C'est souvent le signe qu'il s'agit d'une femme mariée lorsque la déclaration de la naissance est accompagnée d'une reconnaissance immédiate par le père. Cet anonymat permet à l'enfant de ne pas être automatiquement considéré comme le fils de l'époux de la mère. Dans le cas présent, une mention marginale indique sa reconnaissance par Aristide Nestor HENRION le 16 octobre 1888. 

La vie a imposé beaucoup d'épreuves à Gustave HENRION, à commencer par sa naissance dans la servitude. La perspective d'une vie meilleure après son affranchissement a été contrecarrée par des deuils répétés et la maladie. J'espère que son passage de charpentier à ancien charpentier résulte d'une amélioration de sa position sociale et non d'un arrêt d'activité suite à un accident et/ou une invalidité quelconque.

 

COPYRIGHT DAVID QUENEHERVE

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